Dans le nord-Ouest de la France vivent quelques-uns des plus vieux arbres de France et même d’Europe. L’on peut citer notamment le chêne d’Allouville-Bellefosse, rendu célèbre par le film de Serge Pénard, avec Jean Lefebvre. Mais il est loin d’être le seul. A Pervenchères, au lieu-dit La Lambonnière (prés de Mamers) et à Concoret (Fôret de Paimpont – Brocéliande), deux chênes sont multiséculaires. Quant aux aubépines, deux d’entre elles, particulièrement vielles, trônent dans deux places communales de la Mayenne (Saint-Mars sur la Futaie) et de l’Eure (Bouquetot).
- Le Chêne avec chapelle, d’Allouville Bellefosse, 1100 ans
- Le Chêne de Pervenchère, 550 ans
- Le Chêne Eon ou à Guillotin, 1000 ans
- L’Aubépine de Bouquetot, 655 ans en 2010 (plantée en 1355)
- L’Aubépine de Saint-Mars-sur-la-Futaie, 1500 ans
Précisions : Tous ces âges sont estimés, mais ces valeurs bénéficient du savoir scientifique le plus fiable et le plus récent.
Plus un arbre est ancien, plus son âge devient difficile à déterminer avec certitude. La meilleur des techniques reste le comptage des cernes, si l’arbre a été coupé. Un carrotage peut également être réalisé. Cependant, les cernes ne sont pas toujours visibles, notamment chez les specimens les plus vieux. Dans ce cas, les spécialistes ont recours à d’autres méthodes : analyse de la santé de l’arbre, de sa physiologie, de sa circonférence, de son milieu de vie. Biologistes des arbres peuvent enfin collaborer avec des historiens, et rechercher une éventuelle mention de l’arbre dans des documents anciens.
Des ifs plus vieux encore…
Aussi vieux que soient ces aubépines et ces chênes, aucun d’entre eux ne dépasse toutefois en âge ceux des vénérables ifs normands, situés dans de nombreux cimetières et prés des églises. Dans toute la Normandie, ils sont des dizaines. Si certains n’ont rien d’impressionnant, d’autres, en revanche, ont un tronc dont la circonférence peut dépasser 10 mètres :
- Ifs de la Haye-de-Routot, 9,50 m de circonférence pour le plus grand, 1000 ans
- If de Pommerit-Le-Vicomte, 10,30 m de circonférence, 1000 ans
- Ifs de la Lande Patry, 11,00 m de circonférence pour le plus grand, 1300 ans
- If d’Estry, 11,55 m de circonférence, 1600 ans
Autres ifs de 1000 ans à Lalacelle (Orne) et Saint Ursin (Manche)
Comme précedemment, ces âges sont estimés.
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La vénération des ifs
Depuis des temps immémoriaux, bien avant l’avènement du christianisme, les humains n’ont jamais cessé de prêter à l’if une symbolique forte quant à la vie, la mort et l’immortalité. Lorsque le catholicisme est arrivé, il a, un temps, combattu ces traditions, les qualifiant de païennes. Puis, elles furent tolérées, et finalement englobées. Et c’est ainsi que le culte de l’arbre a été intégré dans les rites. Mais l’espèce aurait-elle un pouvoir spécial, capable de drainer et d’indisposer les puissances et les énergies surnaturelles ?
Certains le croient. D’autres non. Toujours est-il que les ifs ont tout pour alimenter ce type de croyances. Ses fruits, très toxiques, peuvent prendre très rapidement la vie. L’if conserve un aspect relativement similaire d’une saison sur l’autre, d’une année sur l’autre, d’une décennie à une autre. Il est donc régulier et sans excès dans sa pousse. A l’échelle d’une vie humaine, il est économe, sage, relativement invariant. Mais l’if dispose, aussi, et surtout, d’une longévité et d’une résistance naturellement exceptionnelle, bien supérieure à celle des autres arbres.
Face à cette étonnante réunion de caractéristiques, l’on ne peut que mieux comprendre l’attitude des populations à vouloir conférer à l’if des propriétés de protections mystérieuses et ésotériques, qu’elles aient été ou non, selon les époques et les régions, reprises par le christianisme, et la mythologie viking. C’est ainsi que, vis-à-vis des églises, l’if est devenu une sorte de veilleur, au fil des siècles. Loin de le desservir, ces superstitions lui ont au contraire permis de traverser les époques à l’abri des assauts et des conflits.